mardi 13 décembre 2016

Snowden

Snowden : Quand l'espionnage dépasse les limites de nos libertés... bien ou mal ? Les lanceurs d'alerte nous montrent la voie.




Edward Snowden est patriote dans l'âme. Il veut défendre son pays à tout prix. Réformé de l'armée car son physique ne suit pas, on lui propose d'autres solutions pour servir son pays. Il rentre alors à la CIA, puis à la NSA. Lors de missions, il se rend compte de l'ampleur de la surveillance que pratiquent les différentes agences du gouvernement américain. Elles outrepassent la constitution et le droit à la vie privée en utilisant la cyber-surveillance à l'échelle mondiale.
Après moult hésitations, démissions et retour au travail, il va se faire lanceur d'alerte et révéler au monde les dangers que représentent ce genre de pratiques. Il espère que le public aidera à faire changer les choses...


La surveillances des données, le droit à la vie privée et les limites que chacun doit respecter ne font pas bon ménage.

L'histoire de Edward Snowden est connue du grand public depuis 2013. C'est cette années-là qu'il a lancé son alerte via de grands journaux américains.


Son histoire est à la fois fascinante, intrigante et flippante.
Cet homme heureux de servir son pays, de le protéger, voit ses ambitions et ses rêves cassés par la réalité des choses.

La fin justifie les moyens serait une bonne expression pour résumer les arguments des agences de surveillance. En effet, l'information est source de pouvoir pour devancer les ennemis de l'état. Mais de là à hacker les informations de gens lambda sans leur permission est une violation de la vie privée.
Une fois cette limite franchie, que leur reste-t-il comme bride pour les empêcher de faire encore pire ?


C'est sur cette idée que se lance Oliver Stone (Platoon, Wall Street, JFK...)  pour rendre hommage au courage de ce lanceur d'alerte.
Courage parce qu'il en a fallu pour balancer aux orties tous ce en quoi croyait et tenait Edward Snowden. Parce qu'il n'a pas fait ça pour l'argent ou pour la gloire.
Il a fait ça pour rendre son droit et son pouvoir à chaque personne concernée par les abus des agences de renseignement.


C'est une histoire prenante et terrifiante parce qu'elle est réelle et personnelle. En effet, avec son film, Stone nous montre que la CIA et la NSA ne se sont pas privées pour espionner tout le monde et pour se servir des informations privées pour faire chanter les gens et obtenir d'autres informations.
Vous me direz, on n'y connaît rien et on ne peut pas juger des moyens et techniques des agences pour faire leur travail. Mais si de très grands journalistes et des agents spéciaux les ont critiqués, c'est que quelque part, c'était mal.
Et c'est ce qui fait peur. Jusqu'où sont prêts à aller ces hommes et ces femmes pour défendre leurs convictions et leur pays? Quelles limites sont-ils prêts à franchir pour faire en sorte d'être les premiers ou les vainqueurs?


Au niveau du scénario le film peut se découper en 2 parties.
Une première nous montre quel type d'homme et de personne est Edward Snowden. Son parcours et ce en quoi il croit, son entourage et ce qui l'a mené à faire son travail.
Un peu lente et beaucoup survolée par moment, son alternance avec la façon dont il a monté son alerte avec les journalistes peut en faire quelque chose d'un peu brouillon.
Mais la seconde partie qui montre la façon dont il a réagi et comment il est parti mettent en avant le message fort du film.
Parce que même si cela peut paraître un peu décousu par moments, l'importance de l'histoire reste son alerte !


La réalisation d'Oliver Stone est forte et porte le message de Snowden pour mettre en avant l'homme, son parcours et ce en quoi il croit.
Pas forcément égale sur tout le film, la direction reste tout de même de très grande qualité.
Pour moi, une des scènes les plus fortes reste la dernière avec l'apparition du vrai Edward Snowden depuis la Russie où il est en exil.


Quant à la musique du film, Craig Armstrong (Love Actually, Moulin Rouge !, Avant toi...) nous offre de vrais moments de douceur et de force pour nos oreilles.
Et la chanson de Peter Gabriel est fantastique !


Côté casting ;

Joseph Gordon-Levitt (Inception, Looper, The Walk : Rêver plus haut...) est Edward Snowden. Lanceur d'alerte, il a voulu rendre aux gens le droit à une vie privée et a dénoncé de ce fait les agissements du gouvernement américain. Il a renoncé à sa propre vie.
Gordon-Levitt se fond dans le personnage. Il est extra en patriote concerné. Humain, sensible mais avec de fortes convictions, il rend parfaitement hommage à Snowden.


Shailene Woodley (The Descendants, Divergente, Nos Étoiles Contraires...) est Lindsay Mills. Petite amie de Snowden, elle le rencontre par un site de rencontre entre geeks. Libre, militante, artiste et rêveuse, elle va avoir par moments du mal à se faire à la vie d'agent d'Edward. Mais elle restera auprès de lui malgré les embûches.
Woodley est très bien dans ce rôle. Le hic vient de l'utilisation de Lindsay dans l'histoire. En effet, peu creusée et à chaque scène différente, elle fait superficielle, pas assez approfondie. Et c'est dommage parce qu'elle a de l'importance dans la vie de Snowden.


Melissa Leo (Oblivion; Le Majordome, Prisoners...) est Laura Poitras. Documentaliste, elle va aider Snowden à parler de son histoire et à témoigner de son alerte.
Leo amène un personnage avec des qualités d'empathie et d'écoute qui mettront Snowden en confiance pour transmettre son message.
Son personnage a réalisé un documentaire : Citizenfour sur l'histoire d'Edward. Elle a reçu un oscar du meilleur documentaire en 2015 pour ça !


Zachary Quinto (Star Trek, Agent 47, Heroes...) est Glenn Greenwald. Journaliste d'investigation du Guardian, il sera convié par Snowden avec Poitras pour délivrer son message et les preuves de ce qu'il avance.
Quinto nous offre un personnage passionné par la vérité et qui veut absolument mettre la liberté de chacun en avant.


Rhys Ifans (Coup de foudre à Notting Hill, Harry Potter et les Reliques de la Mort, Good Morning England...) est Corbin O'Brian. Recruteur, instructeur et agent de la CIA, il sera le mentor de Snowden jusqu'à ce que celui-ci remette en cause les principes d'utilisation des programmes de surveillance. Agent ayant pour unique but son devoir envers son pays, il a dépassé les bornes des limites il y a longtemps.
Personnage à la fois paternaliste et ennemi juré, Ifans nous donne une interprétation à double tranchant d'un agent qui en a beaucoup vu et beaucoup fait.


Apparaissent également Nicolas Cageen Hank Forrester (autre mentor de Snowden), Tom Wilkinson (autre journaliste), Scott Eastwood (en superviseur hawaïen), Timothy Olyphant (en agent sans scrupules) et Joely Richardson (rédactrice en chef du Guardian).




Au total c'est un film complexe par son message et ce qu'il veut transmettre. Ces lanceurs d'alerte n'ont rien à gagner et tout à perdre dans la mission qu'ils se donnent et ça ne peut que demander du respect. Oliver Stone a su mettre en avant la force de conviction et le message qu'à voulu transmettre Snowden.
Même si l'on n'est pas fan, le voir une fois permet de remettre en perspectives certaines choses et d'ouvrir de nouvelles fenêtres de discussion !

A vos tickets !

Bande annonce ;



Bande annonce de Citizenfour




PS : j'ai regardé Citizenfour à la suite de cet article. Je vous mets une citation d'Edward Snowden.

Citation d'Edward Snowden dans Citizenfour :
"Pour moi cela se résume à la puissance d'Etat utilisée contre l'aptitude des gens à s'opposer ouvertement à ce pouvoir. Et chaque jour je suis assis là, payé à concevoir des méthodes pour amplifier ce pouvoir d'Etat. Et je réalise que si les alternances politiques... Ça reste l'unique moyen de restreindre ces états.... venaient à changer, vous ne pourriez plus vraiment vous y opposer. Je veux dire il vous faudrait être le plus incroyablement pointu des collecteurs d'informations de tous les temps. Je ne pense pas qu'il y ait personne, aussi douée qu'elle soit qui puisse s'opposer à tous ces services, à toutes ces personnes brillantes et  même aux médiocres, étant donné tous les outils et moyens qui sont les leurs. Et dès que j'ai vu les promesses de l'administration Obama être trahies, que les faits montraient que l'on s'en éloignait... commencer à mettre en place ce qui avait été promis puis le réduire jusqu'à le reformuler complètement. Et ça s'est empiré avec les frappes de drones, dont j'ai également eu connaissance à la NSA. Nous pouvions regarder des vidéos provenant des drones sur nos ordinateurs. Dès que j'ai vu ça, ça m'a réellement poussé à agir."
"Je me rappelle de ce qu'était l'Internet avant d'être surveillé. Il n'y a jamais eu dans l'Histoire de l'Humanité quelque chose de comparable. Des enfants d'une partie du monde pouvaient avoir une discussion d'égal à égal où en quelque sorte on accordait un respect équivalent à leurs idées et leurs paroles, avec des experts venant d'une autre partie du monde, à n'importe quel sujet, n'importe où, n'importe quand, tout le temps. C'était libre et sans retenue.Nous avons vu le ralentissement, le déclin et la mutation de ce modèle vers quelque chose où les gens modèrent leurs opinions. Ils plaisantent même sur le fait de finir sur LA liste s'ils font des dons pour une cause politique ou si ils disent quelque chose dans une discussion. C'est devenu comme prévisible, on s'attend à être surveillé. (...)
Je préfère plutôt risquer la prison ou toutes autres conséquences néfastes, plutôt que de risquer toute limitation de ma liberté de penser et celle de ceux qui m'entourent, qui m'importent au même titre que ma personne. Et encore une fois, je ne vis pas cela comme un sacrifice personnel. Parce que ça me permet de me sentir bien humainement parlant, de savoir que je peux contribuer au bonheur d'autrui."


Je vous met également une interview par Amnesty France :




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